LXXVII. Tel était le complot qui s’organisait. Hippocrates devait, quand il en serait temps, partir d’Athènes à la tête d’une armée et marcher contre les Béotiens. Il envoya d’avance Démosthènes à Naupacte, avec les quarante vaisseaux, pour lever dans ces parages une armée chez les Acarnanes et les autres alliés, et faire voile de là vers Siphé, qui devait lui être livrée par trahison. Un jour avait été convenu entre eux, où tout devait s’exécuter à la fois. A l’arrivée de Démosthènes, les oeniades, sous la pression de tous les Acarnanes, entrèrent dans l’alliance athénienne. Démosthènes prit alors avec lui tous les alliés de ces contrées, et marcha d’abord contre Salynthius et les Agréens. Après avoir obtenu leur soumission, il disposa tout pour se trouver devant Siphé quand il en serait temps. LXXVIII. Vers la même époque de l’été, Brasidas partit pour l’Épithrace La Chalcidique. avec dix-sept cents hoplites. Arrivé à Héraclée de Trachinie Dans la Thessalie, un peu au nord des Thermopyles. , il envoya en avant un messager à Pharsale, pour demander à ses partisans de lui faciliter le passage avec son armée. Rejoint à Mélitia A une journée de marche, sur la route d’Héraclée à Pharsale. , en Achaïe, par Panerus, Dorus, Hippolochidas, Torylaüs et Strophacus, proxène des Chalcidiens, il se mit en marche avec eux. Il avait aussi pour guides d’autres Thessaliens et Niconidas, de Larisse, ami de Perdicas  ; car il était complètement impossible de traverser la Thessalie sans guides, surtout en armes. Du reste, il était généralement reçu chez tous les Grecs que le passage sans autorisation sur le territoire d’autrui était chose suspecte. Enfin la plupart des Thessaliens étaient de tout temps favorables aux Athéniens  ; de sorte que si la Thessalie avait eu un gouvernement vraiment égalitaire, au lieu d’être en réalité soumise à des chefs, jamais Brasidas n’eût ainsi marché en avant  ; car, même avec cet état de choses, des Thessaliens d’un parti opposé à celui de ses guides vinrent à sa rencontre, lui barrèrent le passage sur les bords du fleuve Énipée, et lui déclarèrent qu’il leur manquait en s’avançant ainsi sans l’autorisation de toute la nation. Ses guides répondirent qu’il ne passerait pas contre leur gré, mais qu’il était arrivé inopinément, et qu’ils le conduisaient en qualité d’hôtes. Brasidas déclara de son côté que, s’il traversait la Thessalie, c’était comme ami du pays et leur ami à eux-mêmes  ; qu’il portait les armes contre les Athéniens et non contre eux, et qu’il ne savait pas qu’il y eût entre les Thessaliens et les Lacédémoniens aucune inimitié qui pût les empêcher de voyager les uns chez les autres  ; que du reste il n’irait pas plus loin contre leur gré  ; que cela ne serait même pas en son pouvoir  ; qu’il les priait cependant de ne pas s’opposer à sa marche. Sur ces représentations ils se retirèrent. Brasidas, sur l’avis de ses guides, s’avança à marches forcées, sans perdre un instant, avant qu’il se formât, pour l’arrêter, un rassemblement plus considérable. Le jour même où il était parti de Mélitia, il poussa jusqu’à Pharsale, et campa sur les bords de l’Apidanus L’Apidanus se trouve à quelques milles au delà de Pharsale  ; cette ville était située sur l’Énipée, à peu de distance de son confluent avec l’Apidanus.   ; de là à Phacium, et de Phacium à Pérébia. A ce point les guides thessaliens le quittèrent, et les Pérébiens, sujets des Thessaliens, le conduisirent à Dium, dans les États de Perdiccas : cette place est située au pied du mont Olympe, en Macédoine, du côté de la Thessalie.